14 novembre 2006

Tropiques : Les tarifs chutent

Depuis deux semaines, un nouveau vol bihebdomadaire dessert l' Île Maurice au départ de la France. Et provoque une vague de promotions qui oblige d'autres destinations à baisser leurs tarifs.

C'est ce qui s'appelle le principe des dominos. Ou celui du battement d'ailes du papillon : un événement se produit à tel endroit du globe et ses conséquences sont ressenties à l'autre bout de la Terre. Voilà en gros ce qui vient de se passer sur la planète tourisme. Un premier voyagiste a fait chuter ses tarifs de 1 582 à 1 099 € la semaine à l'île Maurice. Ses concurrents se sont alignés, bien obligés. Et, du coup, ont réétalonné leurs forfaits sur les Caraïbes – destination concurrente – à l'aune de cette nouvelle donne tarifaire. Conséquence : les clients sont gagnants partout.

Premier à être sorti du peloton donc, Nouvelles Frontières avec une semaine au Paladien Marina (3-étoiles) de Grand-Baie au prix canon de 1 099 €, tout inclus, au départ de Paris, les 19 et 26 novembre. Du jamais vu. Sur le même registre, TUI affiche la semaine au Coin de Mire (2-étoiles) à 1 080 € en demi-pension du 5 au 18 décembre. Et Look Voyages propose son tout nouveau club maison, le Lookéa Tarisa de Mont-Choisy à 1 084 € la semaine, tout inclus également, les 14 et 28 novembre, et à 990 € début janvier ou en mai. Semblables exemples se retrouvent aussi chez les ténors de l'océan Indien que sont Exotismes, Tourinter, Solea Vacances, Beachcomber Tours... Même le petit poucet One Way Bleu programme un 5-étoiles, le Telfair Golf et Spa, pour 1 369 € les cinq nuits en demi-pension, vols compris, entre le 1er et le 22 décembre.

À l'origine de ces tarifs planchers, la décision des autorités mauriciennes d'ouvrir leur ciel à d'autres compagnies qu'Air France et Air Mauritius (seize liaisons hebdomadaires à elles deux), les «historiques» du vol Paris-Plaisance. La raison ? Assurer le remplissage des 10 500 chambres de l'île, impossible quand la semaine coûte entre 1 500 et 2 000 € et quand le chicungunya s'en mêle. En 2005, l'île de Paul et Virginie a accueilli 220 421 Français (+ 4,8%). Il n'est pas sûr que la barre des 200 000 soit franchie cette année.

Une aubaine pour les vacanciers

Il fallait donc réagir et finalement accorder à Corsair, filiale de Nouvelles Frontières, le feu vert pour deux vols par semaine, l'un direct depuis Orly, l'autre avec escale à Lyon. Depuis quinze ans, la compagnie négociait cette autorisation, se heurtant à l'hostilité constante des compagnies rivales et à la volonté de Maurice de tenir son rang. Mais aujourd'hui, l'île n'a plus le choix et espère que la politique de petits prix de la compagnie portera ses fruits. Le vol AR et TTC est actuellement affiché à partir de 650 € sur www.corsair.fr. Contre 770,33 € chez Air Mauritius en novembre et 1 027,33 € chez Air France. Du coup, de nombreux tour-opérateurs, Nouvelles Frontières en tête, réservent sur Corsair les vols de leurs clients.

Une première aubaine pour les vacanciers, qui se double d'une deuxième : la baisse des prix dans les Caraïbes. En effet, quand le luxe se démocratise, les destinations plus ordinaires doivent elles aussi descendre leurs tarifs d'un cran. Guadeloupe, Martinique, Cuba ou République dominicaine en font l'expérience. D'autant que leur météo n'est guère favorable jusqu'à décembre. TUI montre donc la voie : 787 € la semaine de novembre à la Guadeloupe, tout inclus depuis Paris. Vacances Transat joue Cuba à 817 € la semaine de novembre et la République dominicaine à moins de 1 000 € les dix nuits en 5-étoiles. Même chose chez Look Voyages qui ajoute le Mexique. Et ce n'est pas fini. Car «l'effet dominos va nous obliger au printemps prochain à baisser nos tarifs sur les séjours balnéaires en Tunisie, au Maroc, en Égypte et en Turquie, pour qu'ils ne soient pas en concurrence avec les Caraïbes», remarque le patron d'un grand voyagiste.

Source : Jean-Pierre Chanial. Le Figaro